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For A Fistful Of Records

27 septembre 2006

Bonnie & Nina /// Nouveau Western

Bon. Qu'on se le dise : la rentrée est folk cette année. Pas de discussion. Bien sûr, on peut toujours objecter que cette déclaration est un raccourcis un peu facile occultant du même coup une bonne partie de la rentrée susnommée. Certes, mais je ne tiendrai pas compte de cette remarque. Donc, la rentrée est et reste folk. J'en veux pour preuve la sortie, à quelques jours d'intervalle, de deux albums sublimes, résultats des travaux de deux artistes tout aussi sublimes.

folk_nnTout d'abord, ladies first, l'excellent « On leaving. » de Nina Nastasia. C'est un scandale qu'on ne parle pas plus de cette grande dame de la folk américaine déchiquetée, chouchoute de feu John Peel, protégée de l'immense Steve Albini qui a produit trois de ses perles : « Dogs », « Run to ruin » et ce nouvel opus fraîchement débarqué dans les bacs. Tout au long des trente et quelques minutes que dure « On leaving. », ce ne sont que ballades douces-amères aux mélodies et harmonies vocales à vous arracher le coeur en tout petits morceaux. Pas franchement joyeux dans son ensemble, le ton de l'album est par instants légèrement plus positif, le temps d'un « Dumb I Am », dans la plus pure tradition du folklore popu américain, frais et léger à souhait. Mais bon, comme chacun sait, le bonheur ne dure qu'un temps (sinon ce n'est pas drôle) et c'est avec délice que l'on se replonge dans la douce noirceure que distille la belle new-yorkaise. Un peu plus d'arrangements que sur les précédents, une présence rythmique plus affirmée, tels sont les éléments qui font de « On leaving. » l'un des plus beaux moments de la discographie de Nina Nastasia, et très certainement l'un des grands disques de l'année.

folk_bpbSecond sur la ligne de départ, le mythique Will Oldham, adulé par toute une frange des musicophiles de la planète, revient avec un nouvel album. Et quel album ! « The letting go », pièce maîtresse d'une carrière longue comme le bras. Usant d'un de ses nombreux pseudonymes, Oldham (ou plutôt Bonnie « Prince » Billy pour le coup) bouscule tout sur son passage en réusissant à ne rien changer. En effet, de prime abord, l'album s'inscrit dans une veine après tout assez familière pour qui s'intéresse au folk : guitares sèches, légers arrangements de cordes, accompagnement rythmique réduit au strict nécessaire,... Du déjà-vu presque ! Mais c'est là que tout change : les mélodies que porte Oldham de sa voix inimitable sont un réel ravissement, sans compter que l'américain s'est adjoint les services d'une choriste très étonnante. Dawn Mc Carthy, transfuge des Faun Fables (que j'avoue ne pas connaître) dispose en effet d'un timbre de voix surprenant du fait de son intemporalité. En clair, on la croirait sortie d'un antique enregistrement type « vieux-folk-US-qui-sent-bon-la-beat-generation » (ou quelque chose comme ça). Et le résultat est parfaitement délicieux, abouti, à l'image du superbe « Love comes to me » qui ouvre l'album, ou du non-moins superbe « No bad news », à la limite de la chanson trad' irlandaise. Etonnant donc, mais tout de même familier et rassurant. Le mélange idéal.

Clint

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20 juillet 2006

Ah, le temps des colonies !

Bon. Connaissez-vous Pierre Delanoë ? Non ? "Et maintenant", ça ne vous dit rien ? "A toi" ? "Les lacs du Conneymarra" ? "Stewball" ? "Fais comme l'oiseau" ? Vous me direz, quel rapport entre tous ces hits du top 50 mention variétoche ? C'est simple : tous les textes de ces chansons ont été écrits par Pierre Delanoë, auteur de 5.000 tubes du même genre.
medium_delano_portrait.jpgM. Delanoë s'est récemment fendu d'un morceau de bravoure radiophonique. Hier midi, sur France Inter, durant l'émission "Ca vous dérange", animée par Nicolas Stoufflet, il était question de la musique hip-hop, vue sous l'angle "le rap, ça vous dérange ?" Le propos de l'émission est de faire débattre deux personnalités en désaccord plus ou moins profond sur le sujet.
medium_delano_abdal.jpgHier, l'avocat du rap s'appelait Abd al Malik, jeune auteur et chanteur au succès naissant. Face à lui, au téléphone, le riant Pierre Delanoë. Présenté comme un "Monsieur" de la chanson française, ce dernier était censé représenter le point de vue opposé, celui des antis-hip-hop.
Tout a très mal commencé. Dès la première question, M. Delanoë entama sa diatribe anti-rap par un superbe "ce n'est pas de la musique, ce sont des éructations, des vociférations". Bon. Mais le plus beau reste à venir. Ne laissant pas le temps à Abd al Malik de répondre, M. Delanoê se met à hurler littéralement dans son combiné, développant une saturation n'étant pas sans rappeler certains groupes de heavy-metal, prétextant que c'était un scandale, qu'on ne le laissait pas répondre. Âge oblige (né en 1918, l'homme est dans sa 88ème année), la parole lui est rendue. Et là tout dérape. Après avoir crié de toutes ses forces que l'animateur et l'invité disaient "n'importe quoi" en assimilant le rap à de la musique, M. Delanoë se fend d'une réplique qui sûrement restera dans les annales : "Le rap, c'est une forme d'expression pour des gens primitifs, pour des gens incapables de faire de la musique". On notera l'emploi du terme "primitif", qui fleure bon les années 1930-1940, et qui rappele, à ceux qui l'auraient oublié, que M. Delanoë a écrit bon nombre de textes pour un certain Michel Sardou, dont "Le temps des colonies", pour le coup très à-propos.
Un semblant de débat est alors esquissé, porté à bout de bras par un Abd al Malik époustouflant de calme face à la haine, essayant de rappeler au vieux monsieur au bout du fil que, il n'y a pas si longtemps, le jazz aussi était considéré comme un truc de "primitifs". L'histoire est un éternel recommencement. Face au rejet total de M. Delanoë, Nicolas Stoufflet veut sauver les meubles en diffusant un des titres d'Abd al malik, histoire de faire voir à l'autre que ce n'est pas si primitif que cela. Après avoir écouté "12 septembre 2001", M. Delanoë posera une question intéressante : "Quel est l'intérêt de faire de la prose qui ne ressemble à rien, qui n'a pas de construction ?" C'est vrai que le texte d'Abd al Malik n'est pas extraordinaire. Mais que dire des productions de Delanoë ?
Voyez plutôt :

"Il s'appelait Stewball
c'était un cheval blanc
Il était mon idole
et moi j'avais dix ans" (Stewball)

Ou encore :

"Moi monsieur j'ai fait la colo,
Dakar, Conakry, Bamako.
Moi monsieur, j'ai eu la belle vie,
Au temps béni des colonies.
Les guerriers m'appelaient Grand Chef
Au temps glorieux de l'A.O.F.
J'avais des ficelles au képi,
Au temps béni des colonies." (Le temps des colonies)

Et encore mieux :

medium_delano_goldo.jpg"Il traverse tout l'univers
Aussi vite que la lumière
Qui est-il ? D'où vient-il ?
Formidable robot
Des temps nouveaux
Il jaillit du fond de la mer
Il bondit jusqu'à Jupiter
Qui est-il ? D'où vient-il ?
Ce terrible géant
Des nouveaux temps
C'est Goldorak le Grand
Le Grand Goldorak
C'est Goldorak le Grand
Le Grand Goldorak" (Goldorak)

Oui, oui, Pierre Delanoë a écrit tout ça. Mieux, il a pondu près de 5.000 textes du même tonneau. La plupart des gens ne pratiquent pas ce type de poésie au delà de l'école primaire. Ce serait drôle si l'attitude de M. Delanoë n'était pas révoltante. Personne n'est obligé d'aimer le hip-hop, et chacun peut concevoir que quelqu'un puisse ne pas aimer voire franchement détester le rap. Personellement, je ne suis pas non plus un grand amateur de rap français. Mais, qualifier ce qui, jusqu'a preuve du contraire, reste des productions artistiques de "primitif" rappelle les pages les plus noires de l'histoire. C'est renier totalement la culture hip-hop, qui est indéniable et parfaitement palpable. C'est oublier, ou tout simplement ignorer, que la base du hip-hop, ce sont des Mcs et un Dj. Or, qu'est ce donc que le Dj sinon un fanatique de musique, collectionneur de disque à l'oreille tellement avertie qu'il arrive à savoir quelles rythmiques et quelles mélodies peuvuent se marier au sein de son mix ? Que sont Dj Pone, Dj Shadow ou Mix Master Mike sinon des virtuoses de la platine et donc des musiciens ultras-techniques ? Nous parlions tout à l'heure de textes, voici un extrait de ce que peuvent produire les "primitifs" susnommés, en l'occurence un certain Claude "Mc" Solaar :

"Viens dans les quartiers voir le paradis
Où les anges touchent le RMI
Ici le scooter est le véhicule
Et les beepers pullulent
C'est d'un pas léger qu'arrive l'huissier
Accompagné du serrurier
Les idoles des jeunes sont des porno-stars
Voire Pablo Escobar
Si les anges ont des ailes ici les gosses volent
Demande à Interpol
Ils ont des pogs et songent à leur jacuzzi
A chacun son paradis" (Paradisiaque)

Primitif ? Réellement ? Pas sûr... Une question : est-ce la peur qui motive M. Delanoë ? Est-ce l'angoisse de se voir dépasser d'une bonne longueur par des petits jeunes qui, eux, ont quelque chose à dire ? Ont de vrais sujets ?
En excluant le hip-hop de la musique, M. Delanoë fait abstraction de l'engouement et de la fascination suscité par le rap auprès des "vrais" musiciens, dans le rock notamment. Les producteurs hip-hop ont été rapidement récupéré par les rockeurs. Les deux meilleurs exemples étant ceux des deux producteurs du groupe de hip-hop Public Enemy, Rick Rubin et Nick Sansano, le premeir ayant été appelé par la suite par les Red Hot Chili Pepper ou Johnny Cash, et le second par Sonic Youth et Noir Désir. De même, Rage Against The Machine, ce groupe composé de trois virtuoses (guitare, basse, batterie) et d'un Mc, créateurs de la "fusion", mélange de rock, punk, funk et hip-hop, reste une des expériences musicales les plus excitantes des années 1990.
Primitif aussi ?
Non, M. Delanoë, non. Hier, c'est vous qui éructiez, c'est vous qui vocifériez tant et si bien que le débat en fut stérile.
C'est vous qui étiez primaire.

Clint.

14 juillet 2006

Living Things : "Ahead Of The Lions" /// Même Albini peut se tromper

82876769392Bon. Il est bon de savoir parfois reconnaître ses erreurs. Alors je le dis : non, je n'aurais pas dû acheter l'album des Living Things « Ahead of the lions ». Je l'avoue, j'ai cédé à une pression hype intello idiote. Les publicitaires oeuvrant sur ce disque ont en effet bien pris en compte les réflexes imbéciles du pseudo-esthète musicophile qui, lorsqu'il voit inscrit sur une jaquette « enregistré par Steve Albini », ne peut pas contrôler sa carte bleue. Le problème, c'est que le génial leader de Shellac, producteur d'albums aussi parfaits que le « In utero » de Nirvana ou « Plug » de Sloy, n'est pas infaillible. Enregistrer des disques, c'est son métier. Et comme il faut bien qu'il mange, il est normal qu'il accepte parfois de travailler sur des choses moins intéressantes, voire, soyons franc, des bouses.
En effet, il faut le dire, « Ahead of the lions » est absolument inintéressant. Se réclamant des Clash, des Pistols et autres Dead Kennedys, les Living Things rappellent en effet ces glorieux aînés, sur des points cependant bien précis, dont l'engagement politique, indiscutable à la lecture des textes bien qu'inaudible à l'écoute de l'album. Malheureusement pour eux et, par conséquent, pour nous, les autres éléments empruntés par le groupe à ces grands noms du punk sont ceux que tous auraient voulu oublier : des riffs basiques et des mélodies d'une grossièreté crasse. Insupportable sur la longueur, « Ahead of the lions » reprend donc, sans talent, tous les mauvais côtés du punk, oubliant le génie des Strummer, Lydon et autres Biafra, et ajoutant quelques touches personnelles : des voix inexistantes, des relents de métal bouseux, bref, tout cela sent à la fois le renfermé et le manque d'originalité.
La prod d'Albini est à l'image de l'album : creuse. Preuve que, tout comme Zinedine Zidane, le vieux maître de Chicago, déifié depuis vingt ans par les amoureux du rock indé, n'est au fond qu'un homme, imparfait, comme tout un chacun. Cela ne remet certainement pas en question son importance et tend même à le rapprocher un peu plus de nous, simples mortels.
Pour en revenir aux pénibles Living Things, la situation est simple à résumer : ne téléchargez pas, ne copiez pas, n'achetez pas (même en promo à 9 € 99) « Ahead of the lions ». C'est très mauvais.

Clint

7 juillet 2006

Reduction Song /// Achète, achète, achète-moi

Parlons un peu d’un phénomène musical hautement intéressant, que tout un chacun n’aura pas manqué de remarquer : les opérations « promo » menées par les disquaires. Intéressant, en effet, alléchant même : qui peut décemment résister à l’envie d’acquérir, une fois le tri fait et les horreurs ne valant même pas un centime écartées, d’excellents disques à bas prix (entre 5 et 12 € pour la plupart, le prix étalon de ces opérations étant le très fréquent « 8.99 € ») ?
Beaucoup de gens, nous sommes d’accord. Mais surement pas moi et j’ose espérer qu’il en est de même pour vous, qui lisez ces lignes. Bref. Ce phénomène a un impact particulièrement décisif sur deux générations, deux groupes d’amateurs de musique bien particuliers.records2
Tout d’abord, honneur aux anciens. Ceux qui ont connu l’ère glorieuse de l’avant-Cd sont des cibles idéales pour ces opérations. En effet, elles leur offrent l’opportunité de racheter leurs classiques préférés (les Rolling Stones, les Byrds ou encore les Beach Boys sont des références que l’on croise régulièrement dans les bacs à soldes) à bas prix, ce qui leur évitera d’user un peu plus encore leurs beaux vinyles, objets certes décoratifs mais dont le caractère périssable est indéniable. Evidemment il y en aura toujours pour dire que « ah ben oui mais le son est plus beau, plus chaud avec les vinyles ». Possible. C’est sûr que, lorsqu’à force de craquements, les galettes noires sonnent comme des feux de cheminées, il se peut qu’inconsciemment on commence à ressentir de la chaleur. Mais nous nous éloignons du sujet.

La seconde génération-cible pour les opérations « promo » : nous, les jeunes de l’ère du graveur, dont la collection de disques-fi. C’est peut-être triste. N’empêche que niveau démocratisation, on fait difficilement mieux, et que désormais toutes mes ex-petites amies possèdent, entre le dernier Vincent Delerm et leurs vieux singles des Spice Girls (« oui, mais j’étais jeune ! », et alors ? les poubelles c’est fait pour quoi ?), au moins un exemplaire de « Unknown Pleasures » de Joy Division, assorti d’un Godspeed You ! Black Emperor ou d’un Fugazi. Le strict minimum quoi. Bref. Recentrons le sujet. Si beaucoup d’entre-nous sont toujours dans leur phase « seule la musique compte, elle est gratuite sur Internet, pourquoi acheter des disques ? », peu à peu, l’esprit du collectionneur reprend le dessus. Lassés de voir s’accumuler dans leur discothèque personnelle les tranches de Cds écrites à la main et les pochettes photocopiées, d’aucuns se mettent à rêver de racheter un jour toutes leurs références. Or, c’est plus ou moins ce que leur proposent ces fameuses opérations. A votre avis, pourquoi retrouve-t-on souvent dans les bacs relayant les promos la totalité des albums de Nirvana ? Les fans d’époque avaient acheté « Nevermind » en 1991. Mais ils l’ont depuis grdisquesavé à leur petit frère, à leur petite cousine, à leurs parents qui ont toujours hésité à lâcher 17 € pour enfin le posséder « en vrai ». Lorsque le prix se trouve réduit de moitié, les réticences se font plus légères et il n’est pas rare qu’elles craquent face à l’envie. C’est diabolique. Oui, mais c’est tellement bon de remplacer la copie par l’original. Cette petite fierté maniaque nous emplit de joie. A cet instant, l’adolescent gravophile a passé une étape. Il accède à la catégorie des collectionneurs et fait définitivement une croix sur son entrée dans celle des adultes. Il n’y a qu’un pas du furetage dans les bacs à soldes, à la recherche de la « vraie » version de « Psychocandy » de The Jesus & Mary Chain, à la fouille compulsive des piles de vinyles lors des conventions de collectionneurs, dans une quête (désespérée, soyons réaliste) de l’édition américaine originale de « Fun House » des Stooges.

 

Bienvenus chez les fous. On y est très bien.

 

A cet instant, vous vous demandez : « mais où veut-il en venir ? » C’est très simple : aux disques dont j’ai fait l’acquisition lors de mon dernier passage du côté des promos. Un conseil aux néophytes : tenez-vous en éloignés, on y touche une fois et puis on est grillé, condamné à passer le reste de sa vie à inspecter constamment ces foutus bacs en espérant retomber sur cet album de Slint à 8 € (pourquoi je ne l’ai pas acheté ? pourquoi ?!!!!?). Bref, encore une fois. Les opérations promo réservent toujours de bonnes surprises. L’autre jour, j’ai eu la joie d’y trouver cinq excellents albums.

 

QOTSA_Songs_For_The_Deaf« Songs for the deaf » des Queens Of The Stone Age, pour commencer. Comment ai-je pu vivre tout ce temps sans posséder un original de cette merveille de rock déjanté ? Oh, bien sûr, j’ai usé jusqu’à la moelle ma copie sur Cd-r. J’ai dû écouter « No one knows » un demi million de fois. Mais quel bonheur de revenir ad domus avec ce boîtier cristal, même s’il faut dire que l’artwork est laid à pleurer. C’est le geste qui compte. Portishead_Dummy

Deuxième trouvaille, qui n’en est pas une, tant la bête est monnaie courante dans les bacs à soldes : « Dummy » de Portishead. Un classique pour ma génération. Mais combien d’entre-nous l’ont acheté ? Ca y est, je l’ai fait. Je sais pas vous, mais je me sens vachement mieux.

Tom_McRaeTroisième choix, plus rare : le premier album, éponyme, de Tom Mc Rae. Ca en fera peut-être rire certains, mais moi cela m’émeut. Les morceaux y sont superbes, Mc Rae reprenant, en les actualisant, les choses là où Chris Isaak, s’étant égaré en chemin, les avait laissées avec « Wicked Game ». Une voix déchirante, des sonorités un peu faciles, certes, mais tellement efficaces, un vrai talent de songwriter (« You cut her hair » est un bijou, tout comme « Sao Paulo Rain »), que demander de plus ?
Quoi qu’en disent les moqueurs, ce disque est beau.
Na !

Sonic_Youth_Murray_Street

Quatrième étape : « Murray Street » de Sonic Youth. Partant du principe que tout ce que fait Sonic Youth est superbe, on peut décemment acheter tous leurs albums. Personellement, celui-ci reste mon préféré. C’est le premier que j’ai écouté (eh oui chers amis, j’avais quatre ans à l’époque de « Goo »), et les mélodies les plus belles, à mon sens, jamais écrites par les new-yorkais sont sur ce disque. « The empty page » est une perfection rarement atteinte en pop-music.
Si je le dis, c’est que c’est vrai.

Nick_Drake_Five_Leaves_LeftEnfin, last but not least, un classique, un vrai : « Five leaves left » de Nick Drake. Si vous ne comprenez pas ce qui peut pousser les gens à écouter la folk dépressive de Nick Drake, c’est que vous n’y avez jamais tenté une oreille, auquel cas il est temps d’y remédier. Après tout, les opérations promo sont également là pour ça : ce disque dont vos amis vous ont tant et tant rabâché les oreilles, sans jamais pour autant vous en avoir fait écouter une seule note, vous pouvez l’acquérir à peu de frais et enfin leur balancer en travers de la gueule : « non, moi les mecs qui pleurent sur leur guitare acoustique en se flagellant avec les cordes, ça m’intéresse moyennement ».

 

Mais si vous faites ça, alors je ne réponds plus de rien.

Clint

19 juin 2006

Sonic Youth : "Rather Ripped" /// Jeunes et (pas trop) cons

cd_sonicyouth_061206Bon. Il est toujours délicat de disserter sur un groupe tel que Sonic Youth. Le problème est simple : en vingt ans de carrière, le groupe new-yorkais a pondu tellement d'albums brillants et divers que le moindre compliment force le chroniqueur à tomber dans la redite, voire le poncif. Les arguments plaidant en faveur du quatuor « sonique » sont en effet toujours les mêmes : réinvention perpétuelle, savant dosage d'expérimentation et de pop, fraîcheur, génie,... Alléluïa, la messe est dite. Il n'empêche qu'à l'écoute de leur dernier opus, « Rather Ripped », l'envie de se laisser aller à dire tout le bien qu'inspire Sonic Youth devient pressante jusqu'à l'insurmontable. Alors oui, encore une fois, crions le haut et fort, ces quatre-là sont incroyables, surprenants et incontournables. En vingt ans ou presque, ils auront sû polir avec classe la noise pure et dure de leurs débuts (leur premier-né éponyme ou le suivant, « Confusion Is Sex ») pour l'emmener vers des horizons plus rock (« Daydream Nation »), donner naissance au grunge (« Goo » puis « Dirty ») puis calmer le ton pour aboutir à une pop-noisy éthérée, depuis « A Thousand Leaves » en 1998 jusqu'à l'aboutissement qu'est « Rather Ripped ». Avec une constance ahurissante – un album tous les deux ans – Sonic Youth a parfaitment réussi son virage vers un son plus calme. Ce dernier reste pourtant tout relatif, tant il est vrai que le groupe maintient en arrière-plan un bourdonnement de guitares saturées rappelant à ceux qui l'aurait trop facilement oublié leur potentiel explosif, particulièrement palpable en live. Alors que la moyenne d'âge du gang new-yorkais tourne désormais autour des 50 ans, sa musique reste profondément juvénile. A la fois old-school et moderne, « Rather Ripped » est un pont tendu entre les aînés de Television et les poulains de Blonde Redhead, même si, malgré toutes les influences et paternités que l'on voudra bien lui coller, il reste clair que Sonic Youth fait encore et toujours du Sonic Youth. Mélodieux, inclassable certainement, ce nouvel album désarme l'auditeur tout en le rassurant : même s'ils ont depuis longtemps dépassé la limite d'âge que la pensée commune donne habituellement aux rockeurs (après 27 ans, pour rester au top, mourir paraît une bonne solution pour beaucoup...), les Sonic Youth restent infatigablement jeunes dans leurs têtes et dans leur musique.
Joie et dillection, Sonic's Rock'n Roll shall never die. Amen et à dans deux ans.

Clint

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